Cette communication aborde l'usage d'une forme exclamative, non canonique en français, caractérisée par la présence de l'intensifieur anglais so (So cute !, So french !, etc.) dans la presse écrite française contemporaine. L'étude s'appuie sur un corpus de magazines féminins (Be, Glamour, Grazia, Elle, Muteen, Public, etc.) et de quotidiens régionaux (Le Parisien et Ouest France) parus entre 2010 et 2012.

Après une analyse formelle et sémantique de ces énoncés exclamatifs, j'examine, dans une perspective énonciative, la relation intersubjective qu'ils instaurent. J'envisage l'énonciation de ces exclamatives comme entrainant une fusion entre les co-énonciateurs, de sorte que l'on peut les interpréter aussi bien comme une réaction de la rédaction que celle du lecteur. Lorsqu'ils apparaissent dans un contexte ayant trait au monde anglophone, ces énoncés se présentent comme une adaptation des manières de dire de l'énonciateur à la réalité dont il parle. Mais, notamment dans le cas de la presse féminine, ces formes ne participent pas toujours d'une isotopie anglo-saxonne et sont ressenties alors comme faisant partie d'un français que l'on peut qualifier de « tendance ».